Publié le 07 juillet 2013 à 05h00 | Mis à jour le 07 juillet 2013 à 08h48 - Annie Mathieu
(Québec) Derrière l'immense scène du Festival d'été de Québec (FEQ), à quelques pas des loges V.I.P. où se fardent les artistes avant leur prestation, un groupe d'employés s'affaire à une tâche beaucoup moins glamour, mais non moins essentielle pour la planète: ils trient, une par une, les matières recyclables récupérées sur le site après les dernières notes de musique de la veille.
«C'était une petite soirée», lance vendredi matin la directrice d'Ecologistik, Marie-Claude Dufour, devant la trentaine d'immenses sacs transparents remplis de déchets qu'a ramené l'équipe de nuit. Après le départ des derniers musiciens, des dizaines de soldats de l'environnement - beaucoup d'étudiants de l'Université Laval - soufflent ce que les festivaliers ont laissé au sol, méprenant probablement les plaines d'Abraham et les rues de la ville pour des poubelles ou des bacs de recyclage géants.
8 à 16 heures de travail
Le butin est amené au minicentre de tri où travaillent de 8 à environ 16 heures moins d'une dizaine d'employés de jour. Ils séparent, avec l'aide d'un convoyeur, le plastique, l'aluminium, le verre, le carton, le compost et les déchets non recyclables dans les bacs qui leur sont destinés. Le contenant qui héberge les canettes se remplit le plus vite : les festivaliers boivent vraisemblablement plus de bière que d'eau.
Gantée et vêtue du distinctif t-shirt vert, Alexandra Prémont, 12 ans, est à l'oeuvre. Avec 13 autres jeunes, elle l'a décroché ce premier emploi via le Centre jeunesse de La Cité-Limoilou, qui les encadrent tout au long de l'été pour les faire vivre plusieurs expériences de travail. «C'est l'fun, mais c'est un peu salissant», reconnaît-elle, avouant du même coup que l'odeur de bière et de liqueurs réchauffées au soleil n'est pas «super agréable». Ce désavantage est largement compensé par la possibilité d'apercevoir un artiste en coulisse. Qui? «N'importe lequel», réplique-t-elle, enthousiaste.
Son collègue, Carl Savoie, 48 ans, déplore le peu d'attention que portent les citoyens aux matières dont ils se départissent. «Même si c'est écrit que c'est du recyclage, on retrouve des sacs de chips», illustre-t-il, invitant du même coup les festivaliers à s'informer davantage sur l'environnement et la portée de leur geste.
Un «wow responsable»
L'entreprise de Marie-Claude Dufour, spécialisée en gestion responsable d'événement, a décroché cette année le contrat du FEQ pour la gestion des matières résiduelles et recyclables. Elle a amené plusieurs petites innovations, comme le compost pour les loges et le bistro SAQ ainsi que des trios de poubelles pour séparer les matières. Son objectif est de créer pour le festival un «wow responsable».
Avec son partenaire, Rio Tinto Alcan, le FEQ a pour but de recycler 300 000 canettes alors qu'un baromètre géant est installé sur Grande-Allée mesurera les efforts des festivaliers. À titre de comparaison, il a été impossible d'obtenir des statistiques des années précédentes sur les quantités de matières qui ont été recyclées par l'ancienne équipe.
*Credit photo: La directrice d'Ecologistik, Marie-Claude Dufour, en compagnie de la trentaine de sacs de matières recyclables récupérées durant la nuit de jeudi à vendredi.
PHOTO LE SOLEIL, ERICK LABBÉ